Carnets

La librairie

Il est des lieux où l’on se sent bien. Il est des lieux qui inspirent la création. Tel est le cas de cette librairie qui nous plonge au milieu de tous ces livres et penseurs, artistes et rêveurs. Sa petite terrasse est un véritable havre de paix, presque cachée ; pour la découvrir, il faut se rendre à l’étage et aller jusqu’au salon de thé.

Un palmier, au loin, des arbres et quelques tables avec des chaises en bois font le charme de cet endroit. On y apprécie le chant des oiseaux, la lumière du jour et les nuages. Ici, on lit, on travaille, on pense. On déjeune aussi, entre associés ou entre amis. Mais le calme est de rigueur.

Le soir, la librairie accueille des écrivains, éditeurs et autres personnes du milieu qui viennent présenter leurs œuvres ou celle des autres. Dans une salle de classe, on dispense des cours de philosophie, de littérature… On y découvre la pensée de telle écrivaine ou de telle philosophe.

Riche d’enseignements, cette librairie célèbre la pensée d’ici et d’ailleurs. Férue de littérature et de culture françaises – comme toute la Catalogne –, on y trouve quantité de livres contemporains ou non en version originale. Ici, Simone Weil ou Simone de Beauvoir peuvent être lues dans le texte autant que Michel Foucault ou que Proust.

Éclectiques, vastes et engagés, les textes choisis sont de qualité. Où que l’on regarde, des noms et des mots nous interpellent. Philosophie, photographie, psychanalyse, art, littérature, des mots qui apaisent et élèvent l’âme. Que ce soit par l’inventivité des rééditions, des couvertures, des formes et des couleurs ou des langues dans lesquels les livres sont parus ; on s’y sent bien, partout !

Le beau se distille à travers sanguines, lithographies, photographies, textes, écrits musicaux ou autres. Après tout, la beauté n’est-elle pas la nourriture de l’âme ? N’en a-t-on pas besoin, terriblement, chaque jour de notre vie, comme de manger, de boire ou de dormir ?

Le beau est comme l’amour, il est difficile à trouver, encore plus à conserver. Il se distille sous tant de formes et les librairies en sont le temple, le refuge et le gardien. Dans une librairie, le bonheur est dans le fait de ne pas savoir ce que l’on vient y chercher, de ne pas savoir ce que l’on va y trouver… comme dans la vie. C’est un appel. Un appel vers soi, vers l’autre, vers l’essentiel.

Dans ce beau réside le monde, car les penseurs et artistes sont de tous les continents et de tous les siècles. Quoi de plus universel, dès lors, que l’art ? Il forge notre patrimoine culturel, ce dont nous pouvons être le plus fier, là où l’humain réalise ce qui l’élève au rang de créateur et, parfois, de dieu. La beauté que l’humain est capable de réaliser pourrait même parfois masquer ou atténuer certaines barbaries…

Quand, la plupart du temps, nous avons le regard tourné vers la fange, l’art et le créateur l’élèvent vers le ciel et vers le beau. Ne pouvons-nous, lui – le créateur – rendre hommage et conserver à tout prix ces lieux sacrés que sont les librairies, temples de la mémoire et de ce qu’a fait de mieux l’être humain ?