Portraits

Mon petit vieux

Crédit : www.drawingbarcelona.com

Mon petit vieux est revenu sur la place, les bras dans le dos, l’un tenant le coude de l’autre, il avance à tout petits pas. Sa casquette sur la tête cache son crâne dégarni et ses tâches rougeâtres sur le visage.

Aujourd’hui, il arbore un pull bordeaux, son pantalon est légèrement bouffant au niveau des chevilles. On dirait qu’il est accroché à ses chaussures, qu’il le rentre dedans car son pantalon est en fait trop grand.

Cet homme est peut-être malade, me dis-je pour la première fois : sa maigreur, son teint, ses tâches, ses grandes lunettes qui mangent la moitié de son visage cireux. Un pied devant l’autre, lentement, il avance en regardant ses pieds, parfois, il lève la tête et doit faire un effort car sa casquette est enfoncée jusqu’à ses yeux.

Un beau voile de lumière illuminait le côté droit de la rue ce matin. Cela m’a hypnotisé. Ces arbres dont la cime est encore verte et au travers de laquelle se faufilait cette lumière comme une toile d’araignée transparente. Il y avait ce quelque chose entre le ciel et ces arbres, ces rayons de soleil. C’était si beau !

Désormais, le soleil se lève plus tard, il reste tapi derrière les immeubles et le froid se fait plus mordant. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui, il fait extraordinairement bon.

Cet homme passe devant moi avec son cadis empli de choses vides ou pleines, je ne sais. Il s’assied sur un banc derrière moi. D’où vient-il ? Il paraît Gitan. Encore un homeless, il y en a tant. Et il y en aura de plus en plus dans ce monde de fous, de loups, de guerres constantes et de réfugiés politiques, climatiques ou autres.