Aride terre sèche et putride
Où ta langue siffle comme une vipère
Toi, la mère,
Qui devrait insuffler du bon, de la liberté
Tu enfermes tes enfants comme des proies.
Tu les prives de foi
En eux et en leurs désirs,
Tu inhibes, casses et flétris
Tu n’es bonne qu’à engendrer des mâles.
D’eux, tu feras de grands, beaux et forts
Qui domineront le monde et imposeront leurs lois
Tes filles, tu les garderas près de toi,
Tu les empêcheras jusqu’à ce qu’elles
Deviennent de fidèles servantes
Esclaves de tes lois.
Ô mère, comment oses-tu invoquer l’amour
Pour tes plus ignobles manigances
Adjurer la Sainte Vierge et le bon Dieu
Au nom de la divine religion ?
Pour mieux pervertir l’âme pure
De tes enfants aux yeux bleus
Qui avaient des rêves plein la tête
Mais qui ont dû se contenter
De rêver d’être garçon.
Car, tu leur as appris
Qu’une fille ne valait rien,
Qu’à part à servir le pain quotidien
Du doux roi et de sa tyrannie
Et à offrir ses reins à la moindre
De ses lubies.
Ô mère, je te vomis,
Je te hais, toi qui a rendu esclave
Tes filles, au nom du divin homme
Acceptant la culpabilité d’Eve
Sans autre dessein,
Prenant tous les malheurs du monde
Sur tes épaules
Et refusant ta liberté
L’offrant sur l’autel de la phallocratie
Un autre mot pour désigner l’homme
Comme notre Dieu, notre Roi.