Carnets

La lumière de Barcelone 

Crédit : www.drawingbarcelona.com

Si l’on me demandait pourquoi j’habite à Barcelone, je crois que je répondrais : Pour la lumière. Cette réponse qui ferait sûrement rire les uns, railler les autres et laisserait indifférent une troisième catégorie est pourtant une vérité.

Je crois qu’il n’y a pas une journée où je ne me dis pas : Quelle belle lumière ! Que c’est beau ! Cette lumière, ces arbres, ce ciel, cette mer… Pas seulement pour s’y baigner. Bien sûr, c’est divin. Mais pas autant que de voir le sable camel et sa brillance, ses douces courbes formées par les caresses du vent, les vagues, la couleur bleue de la mer, cette masse immense et jamais pareille qui ouvre vers l’horizon et vers un avenir.

Quand nous ne serons-plus là, elle sera toujours là ! Était-ce cette même mer que les Républicains regardaient pour se donner le courage de combattre ou celle-là encore que Christophe Colomb contemplait en pensant à ce qu’il y aurait plus loin ?

Immuable, immense, unique et toujours différente, Barcelone est aussi tout cela, offre tout cela. Se balader sur les plages, l’hiver quand le soleil brûlant permet encore de le faire avant que le soleil de l’été ne paraisse et ne le rende impossible, à part en maillot de bain.

Quand j’étais enfant, je me souviens lorsqu’on me demandait : Quelle est ta couleur préférée ? Souvent, je n’osais pas dire ce que je pensais. Au lieu d’assumer et de répondre : jaune, comme je l’avais fait parfois, je répondais : bleu, comme tout le monde.

Ainsi, je me rangeais à ce qu’inconsciemment, on attendait de moi. Je savais que le jaune intriguait et certaines personnes m’avaient dit que c’était beau et lumineux mais peut-être en avais-je eu d’autres qui m’avaient dit que c’était étrange, et j’avais fini par me ranger du côté de l’insipide. Même si le bleu ne m’inspirait rien de désagréable, ce n’était pas ce que je ressentais. Finalement, je reviens à mes premières amours, à ce jaune, à cette lumière qui était déjà importante pour moi, enfant.

Et puis, le jaune, c’est la couleur des peintres, de Turner, de Whistler, de Poussin… Ici, je retrouve la même lumière que j’ai connue enfant en Provence. Je retrouve ce même ciel bleu et immaculé qui a inspiré tant de peintres : Cézanne, Van Gogh, Matisse et autres.

Ce n’est pas pour rien que la Catalogne a donné au XXe siècle parmi ses plus grands peintres : Picasso, Dalí, Miró… La peinture est cette capacité à capter la lumière, à s’en inspirer.

Moi, je ne sais pas peindre mais je capte la lumière par les mots. Elle me nourrit également, m’anime, m’émeut, me bouleverse. Elle me renvoie la palette de toutes les couleurs de mon âme. Car la lumière est l’essence même de la vie, de l’art et du beau !