Portraits

Sororité 

Crédit : Alba Sauvage

Je sors d’un déjeuner avec mon amie Valérie. C’est toujours très riche. On parle écriture, hommes, sexualité, sensualité, empowerment, entreprenariat, féminisme, écologie, théâtre, littérature… je me sens connectée à moi, mon être profond, quand je suis avec elle. Je me sens comprise, en évolution, dans le vrai, connectée au monde.

J’aime sa personnalité, sa fougue, sa folie créatrice, son élégance, sa finesse, sa beauté, son intelligence, sa liberté, sa quête constante de sens, de vrai, de beau et de spiritualité. Elle a quelque chose de Frida Kahlo, ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’elle est l’un de ses modèles féminins, elle qui est d’origine franco-mexicaine.

J’aime son univers bohème avec ses boucles d’oreille créoles, indiennes ou espagnoles, ses robes bariolées et ses jolies chaussures à talon qui lui confèrent un aspect hyper féminin.

Quand on la voit, on sent diverses influences ; l’Argentine avec le tango qu’elle danse et porte dans son cœur ; la Mexicaine avec Frida Kahlo qui a réussi à combiner le masculin et le féminin pour être La créatrice par excellence.

On sent également la Singapourienne qui a grandi, pieds nus, dans la jungle, au milieu des serpents et des singes ; la Barcelonaise, la ville où nous nous nommes connues qui était un pont entre toutes ces confluences, et la Parisienne hyper sophistiquée, au courant de tous les bons plans et surtout bobo et écolo.

Mais son engagement pour l’écologie n’est pas factice. Il est essentiel. Il est justement lié au fait qu’elle ait grandi et vécu dans tant d’endroits différents du monde, ce qui fait qu’elle a une conscience si forte de ce que nous sommes et de ce que nous devons à la nature, et, que, si l’humain n’est pas connecté à la mère nature, il est une coquille vide !

On sent l’empuissantement de la femme qui a conscience de sa beauté, de sa grâce, de son intelligence, de sa richesse intérieure, de sa sensibilité et de sa capacité à créer.

Auprès d’elle, je me sens moi, femme, écrivaine, sur un pied d’égalité. Il n’y a jamais eu de rivalité ou de jalousie entre nous. C’est elle la première à m’avoir parlé de « sororité » – ce si beau mot qu’on utilise encore si peu pour parler de solidarité entre femmes – et elle l’applique.

Je ne me suis jamais sentie menacée ou en danger avec elle comme j’ai pu me sentir malheureusement avec certaines femmes si jalouses.

Quand une femme a trouvé sa voie, la source de sa création, qu’elle a conscience de sa richesse intérieure, de son pouvoir, de sa pensée et de sa sensibilité, alors, une relation qui tire vers le haut peut être nouée. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit en rien de séduction ou d’hommes.

Nous sommes deux femmes qui avons trouvé notre voie et notre source d’épanouissement ; dès lors, nous nous épaulons, aidons, encourageons, discutons, débattons, nous nourrissons l’une l’autre.

Et si nous imaginons cela à grande échelle, c’est toute la société qui s’en trouve bouleversée, car c’est ensemble que les femmes sont fortes. C’est pourquoi la sororité, l’amitié entre femmes, est un acte politique.

C’est d’ailleurs ce que scandaient les féministes américaines – les premières à avoir ramené le mot sororité à la conscience générale – avec ce slogan : Sisterhood Is Powerfull (la sororité est source de pouvoir), qui servit de titre à l’anthologie de Robin Morgan, en 1970. Il est temps désormais d’envisager un autre rapport entre nous, femmes, pour changer le monde !