Portraits

Le contrebassiste / El contrabajista 

Crédit : Eva Byele

(Versión española abajo)

Le contrebassiste sur scène était Portugais. Quelle pureté dans la manière de jouer, de chanter ! Quelle authenticité ! Que cela fait du bien ! Souvent, à force de professionnaliser la musique, on perd la fraîcheur et l’âme de l’artiste ; or, là, c’est un diamant brut !

Il reprend des chansons parmi les plus belles de mes groupes préférés : Massive Attack, Radiohead, Björk. Il les reprend à la contrebasse, à la voix en se servant de son looper. Il enregistre certaines voix ou mélodies qu’il fait ensuite tourner en boucle pendant qu’il fait d’autres mélodies. C’est si beau !

Chaque parcelle de son être respire la sensualité, il a un air ingénu avec ses boucles noires et ses grands yeux sombres. Il a quelque chose de l’enfance, qui n’a pas encore été touché ou assombri par le monde des adultes. Il atteint de telles sphères quand il chante, cela me rappelle la beauté des chants de mon ami Jahen Oarsman. Quand il chante, le temps s’arrête. Eh bien ! il en est de même !

À un moment, il s’est mis à parler en portugais croyant parler espagnol, fou rire général, il s’est excusé, gêné, avant de déclarer que finalement il ne l’était pas puisque c’était sa langue. Mais sa réaction était si belle, si spontanée ; il a définitivement quelque chose d’ingénu. Je l’envie. Enfin, ce n’est pas parce qu’il paraît être doté de cette ingénuité qu’il est insouciant. J’imagine que ça ne doit pas être facile tous les jours d’essayer de vivre de sa musique.

Si les gens savaient pourtant, il est si rare de rencontrer de telles pépites. Cela me rappelle l’époque où je m’occupais d’artistes pour le label de jazz ECM et que j’avais le privilège d’assister non seulement aux concerts de mon label mais aussi de ceux de musique classique et de musique du monde. Parfois, j’avais des frissons, des coups de cœur comme j’en ai eu un hier soir ; une alchimie, quelque chose de beau, de pur, de nécessaire qui fait du bien et qui nous unit. Via sa musique, sa musicalité, sa finesse, cet homme, ce musicien, ce chanteur a pu nous transmettre un peu de lui et un peu des hommes en général.

Il a terminé son concert par l’une de ses compositions, Raval, pour célébrer le quartier de Barcelone dans lequel il vit. C’était sublime, ses envolées lyriques à la voix et sa manière de jouer sur sa contrebasse comme si c’était un tabla ou un instrument arabe. On sent les influences et les confluences de tant de musiques, de cultures ; tout se mélange pour en donner le meilleur. Un vrai bonheur pour le cœur, les yeux, et les oreilles… Je lui ai acheté plusieurs CDs, et j’ai appris avec joie qu’il avait réuni les fonds qu’il demandait à son crowdfunding. Nous avons besoin de musiciens et d’hommes comme lui qui croient en leur rêve et en leur talent !

J’aime définitivement les hommes qui chantent, expriment leur être et leur vulnérabilité. Car quoi de plus vulnérable qu’une voix ? Il ne faut pas grand chose pour la faire taire à tout jamais. Lui, il chante, s’élève et nous emmène avec lui. Le temps se suspend, on sourit, on est heureux, le temps s’étire. On en aimerait encore, encore, encore. Il faut du courage, du talent, de la persévérance et beaucoup de travail pour être là devant nous sur scène et nous livrer ce qu’il nous a offert. Merci Jorge da Rocha !

El contrabajista

El contrabajista en el escenario era portugués ¡Qué pureza en su manera de tocar, de cantar! ¡Qué autenticidad! ¡A veces cuando la música está demasiado profesionalizada se evapora la frescura y el alma del artista! ¡Pero enfrente, un diamante en bruto, sublime!

Adapta canciones entre las más bonitas de mis grupos preferidos: Massive Attack, Radiohead, Björk. Las adapta con su contrabajo, su voz y su looper. Graba voces o melodías que deja correr en ciclo mientras crea nuevas melodías. ¡Qué hermoso! ¡Él es tan sensual! Cada parcela de su persona respira la sensualidad, algo de ingenuidad se desprende de sus rizos negros y sus grandes ojos oscuros. Algo de la infancia que aún no está ensombrecido por el mundo de los adultos. Llega a esferas tan altas cuando canta que me recuerda la belleza de los cantos de mi amigo Jahen Oarsman. Cuando canta, el tiempo se para. ¡Pues, eso mismo!

Hubo un momento en que empezó a hablar en portugués pensando hablar en castellano, ataque de risa general. Se disculpó, avergonzado, antes de declarar que finalmente no tenía porque avergonzarse ya que es su idioma. Pero su reacción fue tan hermosa, espontánea; definitivamente hay algo de ingenuidad en él. ¡Qué envidia! Bueno, no es porque parece ser ingenuo que lo es. Supongo que no debe ser fácil intentar vivir de su música.

Si la gente supiera… no es frecuente encontrar pepitas así. Me recuerda aquella época en que trabajaba con artistas para el sello de jazz ECM y que tenía el privilegio de asistir a conciertos de jazz así como de música clásica y de música del mundo. A veces, tenía estremecimientos, flechazos como el que tuve ayer por la noche; una alquimia, algo hermoso, puro, necesario que nos hace bien y que nos une. A través de su música, su musicalidad, su pureza, su belleza, su sutileza, este hombre, este músico, este cantante nos ha transmitido un poco de él y de los hombres en general.

Acabó su concierto con una de sus composiciones, Raval, para celebrar el barrio donde vive en Barcelona. Eran sublimes las venas líricas de su voz y su manera de tocar el contrabajo como si fuese una tabla o un instrumento árabe. Se notan en su arte las influencias y las confluencias de tantas músicas, tantas culturas; todo se mezcla para lo mejor, una felicidad de verdad para el corazón, los ojos, y el oído. ¡Le compré varios discos y me enteré con gusto que había logrado su crowdfunding! ¡Necesitamos tanto a músicos y hombres como él que creen en sus sueños y en su talento!

Me gustan definitivamente los hombres que cantan, expresan su manera de ser y su vulnerabilidad. ¡Una voz es tan vulnerable! En cualquier momento puede callarse para siempre… Él canta, se eleva y nos lleva con él. El tiempo se suspende, sonreímos, somos felices, el tiempo se estira. Nos gustaría que no se acabara nunca. Se requiere valor, talento, perseverancia y mucho trabajo para estar en el escenario frente a nosotros y ofrecernos esto. ¡Gracias, Jorge da Rocha!