Poésie

La mauvaise mère

Crédit : Alba Sauvage

Aride terre sèche et putride

Où ta langue siffle comme une vipère

Toi, la mère,

Qui devrait insuffler du bon, de la liberté

Tu enfermes tes enfants comme des proies.

 

Tu les prives de foi

En eux et en leurs désirs,

Tu inhibes, casses et flétris

Tu n’es bonne qu’à engendrer des mâles.

 

D’eux, tu feras de grands, beaux et forts

Qui domineront le monde et imposeront leurs lois

Tes filles, tu les garderas près de toi,

 

Tu les empêcheras jusqu’à ce qu’elles

Deviennent de fidèles servantes

Esclaves de tes lois.

 

Ô mère, comment oses-tu invoquer l’amour

Pour tes plus ignobles manigances

Adjurer la Sainte Vierge et le bon Dieu

Au nom de la divine religion ?

 

Pour mieux pervertir l’âme pure

De tes enfants aux yeux bleus

Qui avaient des rêves plein la tête

Mais qui ont dû se contenter

De rêver d’être garçon.

 

Car, tu leur as appris

Qu’une fille ne valait rien,

Qu’à part à servir le pain quotidien

Du doux roi et de sa tyrannie

Et à offrir ses reins à la moindre

De ses lubies.

 

Ô mère, je te vomis,

Je te hais, toi qui a rendu esclave

Tes filles, au nom du divin homme

Acceptant la culpabilité d’Eve

Sans autre dessein,

 

Prenant tous les malheurs du monde

Sur tes épaules

Et refusant ta liberté

L’offrant sur l’autel de la phallocratie

Un autre mot pour désigner l’homme

Comme notre Dieu, notre Roi.