Carnets

La Barceloneta

Crédit : www.drawingbarcelona.com

Que l’on est loin des dessins de Picasso ou de Dalí représentant quelques ânes au bord de l’eau ! Un littoral qui était alors sauvage et non exploité. Les Barcelonais dédaignaient cette mer qui arrivait dans leur ville; forcément, ils avaient la Costa Brava.

Et puis, les Jeux Olympiques de 1992 sont arrivés et avec eux des travaux herculéens. Aujourd’hui, La Barceloneta, mythique, est le lieu de rendez-vous des étrangers, body buildés, huilés, tatoués et piercés et des fesses rebondies et fermes, en string et seins nus. Surtout l’été quand les vendeurs proclament : mojito ou masaje. Les chiringuito diffusent des musiques à la mode, techno ou autre. Et puis, les surfeurs, les paddles et autres s’étrennent sur l’eau.

Sur la droite, un hôtel en forme de voile qui fait penser à Dubaï et à ses édifices construits sur la mer tous les uns plus extraordinaires que les autres. Il dispose d’une esplanade de laquelle on a une vue sur toute la plage à gauche et sur le port commercial, immense, à droite. On y voit les avions passer et on peut s’amuser à les voir disparaître derrière, le temps de quelques secondes.

Le sable y est artificiel et l’on y trouve plus de mégots que de coquillages. La mer peut être souvent teintée de crème solaire ou autre. Mais peu importe. Avoir la mer dans sa ville, n’est-ce pas merveilleux ? Un luxe incommensurable !

Chacun y trouve son compte entre les baignades, les châteaux de sable, les vélos, les rollers, les skates et autres, notamment les nouveaux vélos debout électriques où l’on ne pédale pas mais où on a l’air ridicule…

Peu importe, ici, souvent, d’excellents groupes de musique se relaient : jazz manouche, reggae ou fanfare. On y passe toujours un bon moment dans cet attroupement.

Mais moi, ce n’est pas cette Barceloneta-là que j’aime ou plutôt celle que je préfère c’est quand le ciel est gris comme aujourd’hui, que le vent frais souffle assez fort et que les vagues se rebellent et se rebiffent. Et que l’on passe devant, à toute allure, en vélo puis que l’on prend le temps de se poser.

Regarder la mer et faire abstraction du reste, d’ailleurs, il n’y a presque personne; quelques mouettes solitaires jouant au vent. Et le bruit assourdissant de la mer. Rien que la mer, hypnotisant, immense, sublime, immuable.

On est jamais seul devant la mer. On est en communion avec le monde et avec les hommes; mais seules cette contemplation, cette abstraction et cette solitude le permettent. La mer est mon souffle, ma respiration.

Parfois, on a tendance à oublier qu’elle est là, la mer, dans son quotidien. Mais dès qu’on y revient, on ressent le même bonheur apaisant, c’est un retour aux sources. Avoir la mer dans sa ville, n’est-ce pas la promesse d’un ailleurs ?