Carnets

Mon Festival d’Avignon – Jour 2

Mon réveil sonne. J’ai bien dormi. Il n’a fait ni trop chaud ni trop froid à mon grand étonnement. J’avais laissé la fenêtre ouverte même si j’avais fermé les volets et baissé la moustiquaire. Je mets du temps à émerger. J’avais prévu de me réveiller relativement tôt pour avoir le temps de poster un texte sur mon blog mais je mets plus de temps que prévu à sortir de mon lit.

Tant pis, je le posterai plus tard. Je me lève, me prépare un café filtre avant de prendre ma douche, puis sors une chaise sur la terrasse et m’installe avec des galettes, des fruits secs et un grand bol de café. J’admire le ciel bleu sans nuage et le soleil qui tape déjà fort. Il paraît qu’il a plu cette nuit et cela a refroidi l’atmosphère.

Je prépare mes affaires, papote rapidement avec mon hôtesse et file. Munie de mon téléphone comme guide, je m’en vais vers le théâtre Au Bout là-bas. C’est agréable, je commence à me repérer dans les rues et cela me donne un sentiment satisfaisant.

Bientôt, j’arrive au théâtre au bout d’une ruelle. C’est charmant, je me pose et lis en attendant avec attention les affiches des autres spectacles proposés par le lieu. Je découvre un spectacle sur l’inconscient qui m’aurait sûrement beaucoup plu mais je suis déjà prise, tous les jours, à cette heure-là. Les gérants nous font entrer, ils ont l’air sympathiques.

La pièce, Le Non de Klara, est magnifique (voir la critique) ! En sortant, je discute avec la gérante du théâtre et lui demande qui l’a mise en scène ; elle me révèle que c’est elle et je la félicite. Elle m’explique comment, en travaillant à partir du livre, et avec l’auteure, elle a choisi les passages.

Elle me révèle également qu’elle a joué le rôle de Klara toute la première partie du festival en duo avec sa fille. Nous continuons à parler et j’évoque ma nouvelle pièce, 24 heures de la vie d’une femme sensible, que je cherche à lire au théâtre. Je lui parle d’Écrivaines, lui offre le livre, elle me donne sa carte. Je dois lui envoyer mon texte et si l’écriture lui plaît, elle me dira si je pourrai en faire une lecture dramatisée dans son lieu.

Il faudra sûrement que j’abrège un peu la pièce pour qu’elle n’excède pas une heure et 10 minutes ; ce qui sera difficile mais pas impossible. Elle me conseille d’aller au village du Off pour me présenter en tant qu’écrivaine et m’informer sur les autres lieux où lire mon texte l’année prochaine. Je la remercie.

En chemin, j’aperçois une femme sur un vélo avec une affiche d’Alexandra David-Néel à l’arrière tel un drapeau qui vole au vent. Je lui demande si c’est elle qui joue dans la pièce ; elle me répond que oui. Elle a écrit la pièce, l’a mise en scène et interprète Alexandra David-Néel.

La citation sur l’affiche retient mon attention : « Si ce sont nos pensées qui créent notre réalité, alors éduquons nos pensées. » Cette phrase que je connais est de bonne augure. Nous parlons donc d’Alexandra David-Néel, je me rends compte que j’ai justement avec moi le livre Écrivaines qui comporte un texte sur Alexandra David-Néel et je lui offre ; ce qui la touche et elle m’invite à son spectacle.

Puis, j’achète des fruits et des fruits secs chez un fruitier avant de me rendre à ma prochaine pièce sur la poésie. Je m’y rends en avance, attends longuement. Quand le spectacle débute malheureusement, je me demande si je me suis trompée de salle, la jeune femme sur scène hurle, gesticule. Pourtant, ce n’était pas censé être comique, au contraire.

Ses cris me mettent si mal à l’aise que j’entreprends un décompte dans ma tête : « Si c’est pareil dans trois minutes, je m’en vais. » Eh bien, c’est de pire en pire ! Je ne vais pas subir cela pendant une heure et vingt minutes quand je ne peux le supporter pendant quelques minutes. Ni une ni deux, je prends mon sac, me dirige vers la sortie et pousse la porte. C’est très rare que je fasse cela mais là, c’était nécessaire. Dehors, on me regarde, surpris. J’explique simplement que le résumé du spectacle devrait préciser que c’est burlesque, comique… – même si je pense davantage au terme ridicule.

Du coup, je me pose en terrasse et écris. Tant mieux, j’ai beaucoup de choses à écrire ! Je trouve une table, il fait chaud, très chaud, j’écris en attendant mon plat, puis avec mon café jusqu’au prochain spectacle Camille contre Claudel que j’ai adoré (voir critique).

En sortant de la pièce, je parle avec l’une des deux actrices, la plus âgée des deux qui me révèle que l’excellente actrice qui l’accompagne sur scène n’est autre que sa fille, d’où la complicité hors du commun qui les unit. La femme en face de moi a également écrit le texte, l’a mis en scène et interprété !

Je lui achète un livre et lui confie que je vais écrire un texte sur sa pièce qui m’a bouleversée ; elle me donne aussitôt son adresse mail et me remercie. Nous parlons de Camille Claudel, c’est passionnant, je la remercie, nous repartons chacune de notre côté. Les rencontres à Avignon peuvent être si riches, extraordinaires mêmes parfois. Nous nous retrouvons soudainement avec des gens qui ont exactement les mêmes intérêts, passions que nous et avec qui nous pouvons partager, débattre, c’est très beau et riche ce qu’il en ressort.

Le soir, nous nous retrouvons avec mon amie pour voir un spectacle de mime, Mots sans dire, qui est très beau, une véritable bulle poétique.

Puis, nous cherchons une table en terrasse sur une place noire de monde. Il fait encore bon même si un léger vent s’est levé. L’effervescence qui règne est indescriptible. Un concert de flamenco commence à côté de nous, une jeune femme se met à improviser des pas de danse. Nous nous approchons et esquissons quelques pas, à notre tour, en riant sous les regards amusés de quelques tables alentour.

Il est désormais temps de rentrer. Nous quittons les ruelles bondées et dépassons les remparts. On retrouve le calme de notre quartier avant de nous coucher, épuisées, mais pleines de cette journée riche en spectacles, émotions et rencontres.